Histoire

Origine du nom Schweighouse

Le nom de notre village vient du moyen haut allemand « schweige » signifiant métairie, ferme, écurie et de l'ancien allemand « hûs », maison.

D'après les écrits, nous savons que Schweighouse a appartenu successivement aux comtes d'Eguisheim (XI°- XII°siècle), famille à l'origine du couvent d'Oelenberg, et aux comtes de Ferrette à partir de 1144.
En 1271 le Comte de Ferrette vendit son comté à l'évêque de Bâle. La cour colongère de Schweighouse, appelée « curtis Schweighusen », est nommément citée dans l'acte de vente.
En 1324 Jeanne de Ferrette, fille du dernier comte de Ferrette, épouse un Habsbourg, l'archiduc d'Autriche. C'est ainsi que Schweighouse passa aux Habsbourg qui firent administrer leurs nouvelles terres depuis Ensisheim.
En 1397 l'archiduc Léopold d'Autriche inféoda le village à un noble, Cunemann Hack de Schweighausen. C'est à cette date qu'un château de Schweighouse est cité pour la première fois.

Il fut incendié par les Confédérés suisses en 1468.
Ce n'est que vers 1470 que fut construit le château de type «Wasserburg» (=château entouré d'eau) près du ruisseau Baerenbach.

Le village fut maintes fois attaqué et détruit : par les Anglais en 1376, par les Armagnacs en 1445, par les Suisses en 1468.

Ces ravages successifs eurent raison des deux villages limitrophes à savoir Hausen qui se trouvait près de la Doller, entre Schweighouse et Reiningue, incendié par les Suisses en 1468 et dont plus de la moitié du ban revint à Frédéric de Schweighouse, et Ernwiller, situé à l'ouest de Schweighouse sur la colline entre Aspach-le-bas et le Pont d'Aspach, dont le ban fut partagé entre Schweighouse et Aspach-le-bas. Ces villages faisaient partie du même fief que Schweighouse.
Lorsque la famille Hack de Schweighouse s'éteignit en 1572, l'archiduc Ferdinand transféra le fief aux Waldner de Freundstein et cela jusqu'à la Révolution française en 1789.

Les XVI° et XVII° siècles furent ponctués de pillages, de passages de troupes vers les champs de bataille de l'Ochsenfeld et du Nonnenbruch, de famines, de pestes, au point qu'après la Guerre de Trente ans, en 1652, le village ne comptait plus que 103 habitants.
Sous Louis XIV de nombreux colons issus de Suisse, du Pays de Bade et du Tyrol vinrent s'installer.

Le XVIII° siècle fut plus calme, mais la multiplication des taxes, droits et corvées servit de terreau aux idées révolutionnaires. C'est durant ce siècle que naquit au château de Schweighouse Henriette Louise Waldner de Freundstein, la future Baronne d'Oberkirch (1754-1803) personnage le plus illustre du village, qui côtoya les plus grands de son temps et écrivit ses « Mémoires ». En 1784 une expérience de vol de montgolfière eut lieu dans le parc du château des Waldner.

Après la Révolution, le domaine des Waldner fut mis en vente en plusieurs lots, le château tomba progressivement en ruine, puis la Guerre de 1914/18 lui donna le coup de grâce.

En août 1867 le village fut la proie d'un gigantesque incendie qui dévora 79 immeubles dont la mairie, l'église, l'école et le presbytère.
Plus terrible encore fut la Première Guerre mondiale qui s'abattit sur Schweighouse dès les premiers jours du conflit. En effet, au cours des combats du 10 août 1914 l'église, la mairie, et le schlässla (petit château) de la propriété Welterlin furent ravagés par des tirs d'obus. Les habitants furent évacués dès janvier 1915.
A la fin de la guerre il ne resta que 6 maisons. Le vieux moulin au bord de la Doller fut également détruit.

Le village fut entièrement reconstruit entre 1920 et 1926. L'église Saint-Nicolas fut reconstruite en 1924 dans le style néo-roman.

A la fin de la Seconde Guerre mondiale le village connut encore d'importantes destructions, lors des combats de la libération. Schweighouse fut libéré le 11 décembre 1944, sa population ayant été évacuée.
Des liens étroits de parrainage, nés au début de la reconstruction en 1946, unissent Schweighouse à Brignais (69), sa marraine de guerre. Le monument aux morts sur la place de l'église a été érigé grâce aux dons des Brignairots.
Ces liens se sont étoffés à l'échelle de l'Europe depuis le jumelage de Brignais avec les communes de Hirschberg (Allemagne), de Niederau (Allemagne, ex RDA) et de Ponsacco en Italie.

Armoiries

« Il porte de gueules à une étoile d'or entre deux branches de laurier de sinople en rinceau ou couronne civique et liées d'or ».

Personnages célèbres

La Baronne d'Oberkich (1754-1803),
témoin privilégiée de son siècle

Née au château de Schweighouse sous le nom d'Henriette-Louise Waldner de Freundstein, dotée d'une solide éducation, elle épouse en 1776 le baron Siegfried d'Oberkirch. Elle connaît un destin hors du commun grâce à son amitié avec la princesse Dorothée de Westphalie à la cour de Montbéliard. Dorothée épouse le fils de Catherine II de Russie, le futur tsar Paul 1er. Commence alors en 1782 la vie mondaine de la baronne qui accompagne le couple impérial dans ses voyages à Paris, à la cour de Versailles, en Bretagne, en Normandie, en Flandre, en Hollande...Témoin vivant de la période pré-révolutionnaire sous Louis XVI, elle a rédigé ses « Mémoires » en 1789, à partir du journal qu'elle tenait. Son petit-fils les fait publier en 1853, ils comptent parmi les plus précieux témoignages sur la fin du XVIII° siècle

Le chanoine François Ignace Waller (1837-1905)

Né à Schweighouse, il a enseigné à la Faculté de Théologie catholique de l'Université de Strasbourg. Il est l'auteur d'une étude très complète de l'histoire du village parue en 1870 sous le titre « Notice historique et topographique sur le village de Schweighausen ». Il est enterré à Schweighouse.

Monseigneur Nicolas Alphonse Kuenemann (1856-1908)

Né à Schweighouse, il a été père du Saint-Esprit et évêque missionnaire au Sénégal. Il a disparu lors d'un naufrage au large de Dakar.

Sources:

Notice historique et topographique sur le village de Schweighouse, Abbé Waller, Le Livre d'histoire, Larisse, Paris, réédition 2007
Schweighouse-Thann village natal de la baronne d'Oberkirch, Editions Coprur, publié par le Crédit mutuel en 1987
Nouveau Dictionnaire des Châteaux forts d'Alsace, Charles-Laurent Salch, Editions Alsatia, 1991